Alter, Anjou Loire Territoire
Angers

Art dans la ville : la peinture « Douceur végétale » de la place Giffard-Langevin

Programme

70 000 m2 de bureaux, 20 000 m2 de logements, 4 500 m2 de commerces, 1 300 m2 d’équipements publics, 350 logements, 8 000 m2 de parc arboré

Le contexte

Fin Avril 2020, Alter fait appel à MANAKO Studio pour intervenir sur un transformateur électrique placé à proximité de la place Giffard Langevin. Ce transformateur, doit rester temporairement devant le restaurant « Cap vers », qui a ouvert au pied de l’immeuble de la Soclova. « Avec sa peinture beige, des résidus d’affichages sauvages et quelques tags, ce bloc en béton était gênant » explique Inès BELLAOUNI, responsable de l’opération. Son idée est alors de le confier à un(e) artiste pour l’embellir et l’ajouter aux travaux d’aménagement de la place attenante. Il pourra ainsi trouver une meilleur intégration le temps qu’il doit rester à cet emplacement.

C’est ainsi qu’Alter fait appel à Morgane BERTHO, pour une commande artistique qui consistait initialement à habiller (seulement) ce transformateur. En cours de route, le projet prend une nouvelle ampleur, en s’étendant à l’habillage de palissades de chantier situées juste à proximité. 120 m de palissades en bois sécurisent un ilot qui appartient à Bouygues Immobilier, en attendant la construction de la résidence d’affaires « Odalys ». Ce support en « U » de 60 m x 20 m x 40 m, apparait alors comme une opportunité supplémentaire pour accompagner la mue du quartier, en diminuant l’impact des travaux, et permet en plus de donner une meilleure visibilité aux bars et restaurants « La Passerelle » et « Cap vers », arrivés récemment sur le quartier.


Présentation de l’artiste

Nantaise d’origine, Morgane BERTHO est issue d’une formation de designer produit. Après des premières expériences professionnelles en tant que styliste et designer en région Parisienne, elle s’est installée il y a 5 ans à Angers et donne un tournant à sa carrière. En 2015, elle crée MANAKO* Studio, une micro-entreprise où elle développe une activité de prestation de services en graphisme et design. Le studio connaît un fort développement en 2019 et 2020, grâce à une activité complémentaire : la réalisation de fresque murale, que Morgane a appris en autodidacte. A son actif, elle a déjà plusieurs collaborations avec la mairie des Ponts-de-Cé et accompagne des jeunes à peindre des transformateurs électriques. « J’ai fait grandir cette activité avec la mairie des Ponts-de-Cé, qui m’a permis de mettre un pied à l’étrier en tant qu’artiste ». Dans ce cadre-là, il s’agissait de projets en réponse à des commandes avec des sujets imposés. « C’est d’ailleurs grâce à certaines de ces réalisations qu’Alter a fait appel à moi pour le projet de Cours St Laud ». A Cours St Laud, son intervention prend une toute autre dimension. « C’est la première fois que l’on me confie un projet d’une telle envergure et beaucoup de liberté. Cette fois-ci, j’ai fait le projet de A à Z, de la conception à la réalisation, sans thème imposé ni palette de couleurs à respecter. J’ai adoré ça ! ».

 

* MANAKO signifie « œil » en japonais. « Jai choisi ce nom car mon métier consiste à apporter un regard nouveau sur le projet que ce soit en graphisme ou en design. Et aussi pour le clin d’œil à la culture japonaise que j’affectionne. » explique Morgane.

 

Interview du porteur de projet

Réponses de Morgane BERTHO (MB)

Q° : Pouvez-vous nous présenter votre œuvre et nous raconter la mise en œuvre du projet ?

MB : Présentation de l’œuvre

« Mon intervention se situe à la croisée de la nouvelle place Giffard Langevin et du jardin d’Eblé. L'illustration y fait écho naturellement. Pour la création, je me suis inspirée de l’ambiance du quartier que j’habite depuis 2 ans. En m’y baladant, au printemps (notamment pendant le 1er confinement), j’y ai vu beaucoup de glycines en fleurs. Cela m’a donné l’inspiration pour le projet « Douceur végétale ». Dans mon dessin, je ne cherche pas le réalisme. J’aime grossir les traits, faire des zooms, sans chercher à respecter les échelles ou reproduire les végétaux dans leurs détails et couleurs d’origine. En plus de la glycine, je me suis inspirée d’autres végétaux issus du plan paysager de la place. Pour le choix des couleurs, j’ai utilisé des camaïeux de vert, couleur que j’aime tout simplement en plus du lien certain avec la nature, associés à des couleurs complémentaires tel que le rose qui s’accorde parfaitement à la palette de couleur pastel. Les différents tons font échos à l’orange présent dans la façade de l’immeuble de la Soclova. J’avais aussi la volonté qu’il existe une conversation de mon projet avec la fresque monumentale qui se situe de l’autre côté de la passerelle. J’ai cherché à trouver une harmonie, sans faire de copié-collé. Sur la palissade, j’ai décliné le concept avec d’autres végétaux. J’ai contourné les blocs en bétons qui devaient rester sur place, en jardinières de plantes. Je les ai composés de plantes aromatiques (menthe, persil, aneth et basilic) en clin d’œil aux restaurateurs. J’ai proposé d’intégrer une communication (un lettrage et des flèches) pour indiquer plus joliment qu’un panneau les commerces voisins. »

 

MB : Mise en œuvre du projet

« Pour le transformateur, j’ai proposé 3 inspirations avec une illustration pour chaque univers. C’est le projet « Douceur végétale » qui a été retenu par Alter, mon unique interlocuteur. Je tiens d’ailleurs à souligner que le processus de décision a été particulièrement simple et rapide. Inès BELLAOUNI (Responsable d’opération de Cours St Laud) m’a fait confiance et je la remercie, cela a été un atout pour tenir les délais. Une fois le choix retenu, j’ai retravaillé plus en détails et décliné la proposition pour les 5 faces en 3D. Et oui, même le toit a été pensé car il est visible des bâtiments à proximité. Ensuite la sélection des couleurs, chez mon fournisseur local de peinture est importante, car il en découle l’harmonie final de la fresque. Le projet entre alors dans sa phase opérationnelle. J’ai d'abord appliqué une sous-couche spéciale qui permet de recouvrir les tags, puis j’ai reproduit mon illustration grâce à un rétroprojecteur. Enfin j’ai peint les fonds colorés et les végétaux. Du 1er contact aux derniers coups de pinceaux, le projet a été réalisé en moins de 2 mois. Grâce avec une météo clémente, j’ai livré le transfo au début de l’été pour la livraison de la place Giffard-Langevin. »

 

Q° : Selon vous, que peut lart dans la ville ?

« L’art dans la ville, est utile pour le bien-vivre des riverains. Par art, j’entends l’art dans sa globalité et son éclectisme : l’architecture, l’aménagement paysager, la peinture… C’est bien qu’il y ait diverses entrées et une multitude d’acteurs. En intervenant in situ dans la rue, nous sommes au contact direct des passants. J’ai eu un bel accueil des commerçants et habitants qui m’ont apporté leur soutien et parfois même une aide matérielle (électricité, eau…). Tout au long de la réalisation, j’ai eu des retours positifs des riverains aussi bien par les jeunes, que les plus anciens. Ils s’arrêtaient, s’interrogeaient sur la réalisation en cours et l’aménagement futur. Ils étaient surpris que j’opère seule et aussi reconnaissant de l’initiative d’embellissement du quartier. En résumé, l’art sert à embellir la vie et par extension à embellir la ville. Du point de vue de l’artiste, la rue donne un espace d’expression plus large et apporte de la visibilité. En tant qu’habitante, je trouve que c’est un espace d’expression qui permet de découvrir des artistes contemporains, et le côté éphémère apporte une certaine curiosité. Les villes proposent de plus en plus des parcours de visites pour découvrir le street art. Cela existe à Angers (Echappées d’art), et je trouve ça bien, cela permet de mettre en lumière des quartiers parfois moins visibles. Je ne me considère pas (encore) comme une artiste à part entière. Par contre ce projet m’a donné envie d’explorer plus sérieusement les couleurs douces et de proposer davantage de projets dans l’univers du végétal avec un rendu plus abstrait. A mon sens, on reconnait un artiste à « sa touche », j’en suis qu’au début… ».


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